1907

8 janvier. Au retour de son épuisant voyage en Amérique du nord, Saint-Saëns part pour le Caire pour un séjour de convalescence d’un mois. Il commence à tracer les esquisses d’une musique de scène pour une nouvelle pièce d’Eugène Brieux, La Foi, drame en 5 actes dont l’action se passe en Égypte sous le Moyen-Empire.

15 février-8 mars. Séjour à Monte Carlo où Saint-Saëns est toujours bien accueilli par le Prince Albert Ier. Il y compose la Fantaisie pour violon et harpe.
Il se rend ensuite à Bordighera, à Cannes, à Lyon, à Toulouse, passe quelques jours à Paris au début du mois d’avril et repart aussitôt pour Berlin et Cologne. Entretemps il a esquissé le ballet Pierrot astronome, qu’il remettra plusieurs fois en chantier et qui restera inachevé.

7 mai. Saint-Saëns est à Londres et le 15 mai à Edimbourg.

A partir du 16 mai. Plusieurs concerts de musique russe sont donnés à Paris. Le 27 mai, Saint-Saëns organise un concert suivi d’une réception à la Salle Pleyel, en présence de Fauré, d’Indy, Messager, Ravel et de nombreux critiques musicaux, pour faire entendre de la musique française aux musiciens russes.

Saint-Saëns et des musiciens russes : à sa droite Felia Litvinne et Fiodor Chaliapine, et à sa gauche, Rimsky-Korsakov. On distingue au fond Serguei Rachmaninov. [© Musée de Dieppe]

17-26 juin. Séjour à Dieppe et départ pour l’Angleterre. Le 26 juin, Saint-Saëns est à Oxford où il est reçu Docteur honoris causa de l’Université. Hormis un court séjour en Suisse, il passe l’été à Paris, participe à plusieurs concerts et compose quelques mélodies.

27 août. Saint-Saëns est à Zurich, puis passe de nouveau quelques jours à Dieppe avant de partir pour Bordeaux et Barcelone où il arrive le 5 octobre.

27 octobre. Saint-Saëns retourne à Dieppe pour l’inauguration de sa statue. Commandée au sculpteur Marqueste, la statue est offerte à la Ville par Mme Caruette et installée devant le théâtre. Elle sera fondue par les allemands durant la Deuxième guerre mondiale.

20 novembre, séjour à Madrid pour la reprise de Samson et Dalila et à Barcelone où il donne un concert.
Départ de Barcelone pour Port-Saïd à bord du Lopez y Lopez en direction de l’Égypte.

19 décembre. Arrivée au Caire.

Saint-Saëns, statue en bronze, par Laurent-Honoré Marqueste. [© Musée de Dieppe]

1908

Janvier. Mohamed Ali Pacha, le frère du khédive met de nouveau à sa disposition un palais sur l’île de Rhodah, au milieu du Nil. Saint-Saëns y travaille à la musique de scène pour La Foi.

27 février. Saint-Saëns embarque à Alexandrie pour Naples, puis rejoint Monte Carlo en faisant halte à Gênes et à Nice.

11 mars. Arrivée à Monte-Carlo pour superviser les répétitions d’Henry VIII. Il y retrouve la reine Elizabeth de Belgique qui prend une série de photographies de lui.

26 mars-3 avril. Séjour à Barcelone, puis à Béziers.

10 mai. Saint-Saëns est à Manchester.

23 mai. Un festival de ses œuvres est donné à Bourges. Saint-Saëns s’y produit avec ses amis le violoncelliste Pierre Destombes et son épouse pianiste.

8 juin. Série de concerts à Londres.

Durant l’été. Saint-Saëns séjourne en Suisse, puis à Pallanza au bord du Lac Majeur, avant de rejoindre le Mont-Revard où il travaille à la partition de La Foi et compose le Psaume CL Praise Ye the Lord pour chœurs mixtes, orgue et orchestre.

Il compose également la première musique de film de l’histoire du cinéma, pour accompagner le film L’Assassinat du Duc de Guise d’André Calmettes d’après un scénario d’Henri Lavedan, projeté dans la série « Visions d’art », pour l’inauguration de la Salle Charras. La première projection du film ayant été retardée, Saint-Saëns ne pourra y assister et laissera le soin à Fernand Leborne d’assurer les répétitions et de diriger la représentation.

Automne. Saint-Saëns enchaîne les déplacements : Béziers, Cannes, Barcelone, Paris où il joue le 15 novembre à la Société des concerts du Conservatoire lors d’un concert en hommage au chef d’orchestre Georges Marty.

Novembre. Saint-Saëns descend vers le sud : Toulouse où il surveille les répétitions d’Henry VIII, long séjour à Barcelone où l’on donne Samson, puis Valence, Alicante et enfin Elche où il embarque pour les Canaries.

26 décembre. Arrivée à Las Palmas.


1909

L’hiver se passe aux Canaries. Saint-Saëns y effectue un arrangement la Sérénade qu’il avait composée en 1865, un autre arrangement de la marche Orient et Occident. Il songe à reprendre Déjanire, écrite avec Louis Gallet sous forme de tragédie pour les arènes de Béziers, et à en faire un drame lyrique.

Mars. Saint-Saëns se rend à Monte Carlo pour les répétitions de La Foi.
13 mars. Retour à Paris pour voter en faveur de Gabriel Fauré qui se présente à l’Institut.

26 avril. Samson et Dalila représenté pour la première fois mise en scène à Covent Garden (l’œuvre n’avait jusqu’alors été donnée en Angleterre que sous la forme d’oratorio). Saint-Saëns est à Londres depuis plusieurs jours pour assister aux répétitions.

31 mai. Décès d’Auguste Durand. Saint-Saëns perd un ami fidèle. Les obsèques ont lieu le 4 juin. C’est Jacques Durand qui prend désormais la direction de la maison d’édition.

Eté-automne. Déplacements à Arcachon, Paris pour des concerts au Trocadéro, au Théâtre des arts, reprise de la Princesse jaune à l’Opéra-Comique, puis répétitions de L’Ancêtre à Aix-les-Bains, Dieppe, Londres.

Ce n’est qu’en repartant pour l’Égypte où il arrive en décembre, que Saint-Saëns retrouvera le calme et la concentration nécessaires à la composition.


1910

Hiver. En Égypte, Saint-Saëns écrit les Trois tableaux symphoniques d’après la Foi, en reprenant une partie de la musique composée pour la pièce de Brieux. Il compose La Muse et le poète, grand duo pour violon, violoncelle et orchestre, et remanie le livret et la musique de Déjanire.

17 février. Saint-Saëns embarque à Alexandrie pour rejoindre l’Europe et fait une halte à Naples.

3 mars. Inauguration du Musée océanographique à Monte Carlo. Saint-Saëns y est présent et on y joue l’Ouverture de fête que lui a commandée le Prince Albert pour cette occasion.

7-25 mars. Séjour à Cannes où sont achevées les esquisses de la nouvelle Déjanire.

26 avril. Représentation de Samson et Dalila à l’Opéra à laquelle assistent Saint-Saëns et Theodor Roosevelt.

20 mai. Saint-Saëns conduit le deuil aux obsèques de sa grande amie, la cantatrice Pauline Viardot.

Juin. A Londres, Saint-Saëns donne une série de concertos de Mozart, en plusieurs concerts échelonnés durant tout le mois. Le 7 juin, création de La Muse et le poète par Eugène Ysaÿe et Joseph Hollmann, au Queen’s Hall.

24 juin. Saint-Saëns emménage dans un nouvel appartement, au 83 bis rue de Courcelles, non loin du Parc Monceau. Le propriétaire de l’appartement de la rue de Longchamp, se trouvant gêné par la présence des chiens, lui avait signifié son congé.

Eté. Concerts, répétitions et manifestations se succèdent durant l’été, occasionnant de nombreux déplacements : Dieppe, Arcachon, Lyon, Genève, Vevey. Proserpine est donnée à Aix-les-Bains à la fin du mois d’août et Saint-Saëns va y surveiller les répétitions.

Mi-septembre. Saint-Saëns est à Munich pour un Festival de musique française où plusieurs de ses œuvres sont données.

9 octobre. Concert d’orgue à la cathédrale de Lausanne, puis retour à Paris pour les répétitions de L’Ancêtre qui doit être donné à l’Opéra-Comique. Saint-Saëns dirige l’Ouverture des Barbares à l’Opéra lors d’une soirée de gala à la mémoire de Victorien Sardou.

20 octobre. Festival donné pour les 75 ans de Saint-Saëns au Théâtre Sarah Bernhardt, il dirige La Muse et le poète donnée par Ysaÿe et Hollmann.

Mi-décembre. Départ pour le sud : Marseille, Cannes, Monte Carlo, puis l’Algérie.


1911

Durant le séjour de Saint-Saëns, le Théâtre municipal d’Alger monte cinq de ses ouvrages : Samson et Dalila, Henry VIII, Javotte, Phryné, L’Ancêtre.

8 janvier. Parution du premier article dans L’Écho de Paris. Saint-Saëns abordera les thèmes les plus divers dans ces chroniques régulières qui vont se poursuivre jusqu’à la veille de la Première guerre mondiale.

23 janvier. L’Ancêtre est donné à l’Opéra-Comique à Paris.

1er mars. De retour d’Algérie, Saint-Saëns est à Marseille puis à Monte Carlo pour la première de la nouvelle version de Déjanire.

24 mars-fin avril. Craignant le froid, Saint-Saëns reste dans le sud de la France et séjourne à Menton.

4 mai. Jean Bonnerot entre au service de Saint-Saëns. Il tiendra son secrétariat avec beaucoup de soin jusqu’au décès du compositeur en 1921. Il amassera une documentation et constituera des dossiers que sa veuve, Hélène Bonnerot lèguera à la Ville de Dieppe en 1972.

Juin-juillet. Saint-Saëns est à Aix-les-Bains, Turin, Lausanne. Il assiste à une représentation d’Orphée de Gluck au Théâtre du Jorat, donnée par le chef Gustave Doret auquel il avait prodigué des conseils d’interprétation. Il avaitlui-même étudié la question à fond dans ses travaux pour l’édition complète des œuvres de Gluck.

Fin juillet. Après quelques jours passés à Saint Germain-en-Laye, Saint-Saëns se rend à Dieppe, puis à Londres, avant de repartir à la mi-août pour les Sables d’Olonne, Lyon, Aix-les-Bains.

30 août – 5 septembre. Saint-Saëns se rend dans la petite ville italienne de Cesena où un grand festival est organisé en son honneur, avec douze représentations de Samson et Dalila.

Saint-Saëns arrive à Cesena (Italie) pour assister à un festival de ses œuvres. [© Musée de Dieppe]

22-25 octobre. Saint-Saëns est invité à Heidelberg et donne un récital d’œuvres de Liszt, lors des fêtes organisées pour le centenaire du compositeur.

27 octobre. Festival à la Société philharmonique de Paris. Saint-Saëns joue plusieurs de ses œuvres. Il se consacre ensuite aux répétitions de Proserpine, donnée au Trianon-Lyrique le 10 novembre, en alternance avec celles de Déjanire, donnée à l’Opéra le 21 novembre.

Fin novembre-décembre. Saint-Saëns est à Bruxelles, puis se rend à Marseille le 5 décembre et embarque pour l’Algérie où il arrive le 13 décembre. Il se rend à la station thermale d’Hammam R’Ihra pour se reposer avant de regagner Alger le 30 décembre.

Camille Saint-Saëns à la villa Georges à Alger, 1911 [© Musée de Dieppe]

1912

5 janvier-fin février. Saint-Saëns quitte l’Algérie pour l’Égypte, où il peut de nouveau compter sur l’hospitalité du prince Mohammed Ali Pacha. Des festivités sont organisées en son honneur au Caire et l’on inaugure son buste au Théâtre Khédivial. Il écrit un recueil de Six Etudes pour la main gauche pour son amie la pianiste Caroline de Serres.

9 mars. Saint-Saëns revient en France et se rend à Marseille pour assister aux représentations de Déjanire, ensuite à Bordeaux où l’on donne Étienne Marcel, puis à Arcachon où il retrouve son vieil ami Charles Lecocq.

Début avril. De retour à Paris Saint-Saëns fait ensuite quelques déplacements pour des concerts ou des représentations de ses œuvres : Francfort, Londres, Aix-les-Bains, puis de nouveau Londres où il retrouve son ami Hermann Klein. Tous deux travaillent à l’élaboration d’un nouvel oratorio, The Promised Land (La Terre promise). Il compose également deux chœurs pour voix d’hommes : Aux mineurs et Hymne au printemps.

Début novembre. Tournée de concerts en Belgique : Bruxelles, Anvers.

27 novembre. Saint-Saëns est à Marseille où l’on donne de belles représentations de Proserpine.

9 décembre. Départ pour l’Algérie.

Saint-Saëns et l’archéologue Georges Legrain en Égypte, entre 1909 et 1913 [© Musée de Dieppe]

1913

Trouvant le climat d’Alger trop froid, Saint-Saëns part pour Alexandrie avant d’aller s’établir au Caire.

12 janvier. Saint-Saëns est élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’honneur.

Début février, parution d’un nouveau recueil d’articles, École buissonnière.

20 février. Saint-Saëns quitte Alexandrie pour Brindisi, puis Naples, Gênes, Cannes.

4-23 mars. Séjour à Monaco, et retour à Paris le 1er avril.

2 avril. Concert d’inauguration du Théâtre des Champs-Elysées. Saint-Saëns est invité avec Debussy, Fauré, d’Indy et Dukas. Il dirige Phaëton et des extraits de La Lyre et la harpe.

3 avril. Saint-Saëns est à Bruxelles où l’on donne Proserpine.

11 avril. Réception à l’Elysée pour la remise de la Grand-Croix de la Légion d’honneur.

18-21 mai. Fêtes musicales à Vevey. Saint-Saëns et Ignaz Paderewski sont à l’honneur et donnent des concerts. Saint-Saëns se produit au piano, à l’orgue et dirige des concerts. Il joue sa Polonaise à deux pianos avec Paderewski.

Camille Saint-Saëns, Gustave Doret et Ignaz Paderewski, à Vevey, en 1913. [© Musée de Dieppe]

Du 26 mai au 3 juin. Saint-Saëns est à Londres. Un “Jubilee Festival” est organisé pour célébrer les 75 ans de sa carrière. Le 2 juin, au cours d’un grand concert consacré à ses œuvres, au Queen’s Hall sous la direction de Thomas Beecham, Saint-Saëns joue un concerto de Mozart, des mouvements de ses Deuxième et Cinquième concertos ainsi que Africa. Une représentation de gala de Samson et Dalila est donnée en son honneur le lendemain à Covent Garden.

Juin. Le 16 juin, un festival en l’honneur de Saint-Saëns est organisé par Le Figaro. Il se produit comme soliste et accompagnateur. Le 20 juin, un Gala Beethoven-Verdi-Saint-Saëns est organisé avec l’orchestre de l’Opéra, Saint-Saëns y dirige le 2e acte des Barbares et le 3e acte de Déjanire. Le 23 juin, Saint-Saëns dirige une reprise de Déjanire à l’Opéra.

Du 25 juin au 6 juillet. Saint-Saëns est à Vichy pour un festival au cours duquel on donne Phryné, Javotte, Samson et Dalila, les Barbares et des concerts de musique de chambre

A partir du 16 juillet. Saint-Saëns se rend dans le midi de la France : Béziers, Arcachon, puis revient à Paris le 25 juillet pour repartir en Belgique, à Bruxelles, puis le 7 août à Gand pour un festival en son honneur où il joue Africa, son Concerto pour piano n° 5 et dirige sa Deuxième symphonie.

28 août. Saint-Saëns est à Dieppe puis part pour Londres et se rend au festival de Gloucester.

10 septembre. Saint-Saëns joue un concerto de Mozart et le lendemain dirige la création de son nouvel oratorio, The Promised Land (La Terre promise) dans la cathédrale de Gloucester.

Fin septembre. Nouvelle tournée de concerts en Allemagne et en Pologne : Berlin, Varsovie, Lodz, et de nouveau Berlin. Il se produit en soliste et dirige ses œuvres symphoniques et lyriques.

6 novembre. Concert Salle Gaveau, organisé par René Thorel au bénéfice du Cercle National pour le Soldat de Paris. Parmi d’autres œuvres, Saint-Saëns joue un concerto de Mozart sous la direction de Pierre Monteux et à l’orgue, la Fantaisie sur le Choral du Prophète de Liszt. Saint-Saëns fait annoncer qu’il s’agit de son dernier concert public avec orchestre à Paris,… mais la guerre en décidera autrement.

20 novembre. Arrivée en Algérie. Cure thermale à Hammam R’Igha, puis retour à Alger avant le départ pour l’Égypte dans les derniers jours de décembre.

Saint-Saëns en concert, salle Gaveau, 6 novembre 1913. L’orchestre est dirigé par Pierre Monteux. [BnF-BmO]