1868

7 mars. Saint-Saëns participe au concert d’inauguration du grand orgue Cavaillé-Coll de Notre-Dame. Il y donne un récital en soliste le 15 mars.

Mars. Il dirige plusieurs concerts Salle Pleyel et Salle Herz, avec Anton Rubinstein au piano.

13 mai. Création du Concerto pour piano n° 2 en sol mineur, Salle Pleyel. Saint-Saëns est au piano, l’orchestre est dirigé par le pianiste et compositeur Anton Rubinstein. C’est le concerto que Saint-Saëns rejouera le plus souvent, tout au long de sa carrière.

26 juin. Fêtes du Centenaire du maréchal Hoche à Versailles. La cantate composée par Saint-Saëns sur des paroles d’Émile Deschamps est dirigée par Oscar Comettant. Le manuscrit en est aujourd’hui perdu.

15 août. Saint-Saëns est nommé chevalier de la Légion d’honneur, décoration remise « à l’artiste distingué, et à l’auteur de la Cantate couronnée à l’Exposition Universelle de 1867 ».

Octobre-novembre. Tournée de concerts en Allemagne pour diffuser le Concerto pour piano n° 2.

Décembre. Le Concerto pour piano n° 2 est redonné aux Concerts Pasdeloup et à la Société des concerts du Conservatoire.

Saint-Saëns à la fin des années 1860, photographie de Charles-Amédée Barenne. [BnF-BmO]
Concerto pour piano n° 2 en sol mineur. [BnF-Mus]

1869

Tout au long de l’année Saint-Saëns joue des sonates de Beethoven lors des séances de musique de chambre données par le Quatuor Maurin, dans les salons Pleyel. On le voit également prendre part à de nombreux concerts de bienfaisance.

8 mars. Mort d’Hector Berlioz. Malgré la différence d’âge, les deux hommes se sont longtemps fréquentés. Saint-Saëns défendra toujours l’héritage de Berlioz, son œuvre et son Traité d’instrumentation : « Il en est de ce traité de Berlioz comme de son instrumentation : avec toutes ses bizarreries, il est merveilleux. C’est avec lui que toute ma génération s’est formée, et j’ose dire qu’elle a été bien formée. Il avait cette qualité inestimable d’enflammer l’imagination, de faire aimer l’art qu’il enseignait. Ce qu’il ne vous apprenait pas, il vous donnait la soif de l’apprendre, et l’on ne sait bien que ce qu’on a appris soi-même ».

16 mars. Saint-Saëns participe au concert d’inauguration du grand orgue de l’église de la Trinité.

28 août. Saint-Saëns se rend à Munich avec Liszt, Hensel, Pasdeloup et Anton Rubinstein pour l’inauguration d’une statue commémorant la naissance de Goethe. Il va ensuite passer quelques jours chez Liszt.

22 septembre. Saint-Saëns se rend de nouveau à Munich pour assister à la création de l’Or du Rhin de Wagner. Quelques français ont fait le voyage avec lui : Catulle Mendès et sa jeune épouse Judith Gautier, Villiers de l’Isle-Adam, Henri Duparc, Augusta Holmès accompagnée de son père.

Décembre. Saint-Saëns joue son nouveau Concerto pour piano n° 3, en mi bémol, op. 29 à la Société des concerts du Conservatoire et au Gewandhaus de Leipzig.

Hector Berlioz, photographie de Pierre Petit, vers 1863. [BnF-Mus]

1870

Juin. Saint-Saëns est invité à Weimar pour participer aux festivités du Centenaire de Beethoven. Longue discussion avec Liszt qui l’engage à terminer Samson et Dalila et lui assure qu’il le fera représenter à Weimar.
Composition de six Mélodies persanes, op. 26 sur des poèmes d’Armand Renaud.

4 septembre. Guerre franco-prussienne, chute de l’Empire. Saint-Saëns est incorporé au 4e bataillon de la Garde nationale et posté à Arcueil-Cachan.
Des concerts sont organisés au profit des blessés. Saint-Saëns compose la cantate Chants de guerre ; l’œuvre est refusée par la direction de l’Opéra. Il la transforme en Marche héroïque et la joue en uniforme, à deux pianos avec Alfred Lavignac, dans une matinée organisée au Grand Hôtel.


1871

19 janvier. Mort d’Henri Regnault, tué par les prussiens à Buzenval, quelques jours avant l’armistice signé le 28 janvier. Saint-Saëns est accablé par la perte de cet ami si cher, peintre talentueux, bon chanteur avec lequel il avait partagé tant de moments musicaux. Il lui avait dédié “Sabre en main”, la quatrième de ses Mélodies persanes, et lui dédie également la Marche héroïque.

25 février. Fondation de la Société nationale de musique, par Camille Saint-Saëns et Romain Bussine, rejoints dès les premières séances par Alexis de Castillon, Edouard Lalo, Jules Massenet, Georges Bizet, César Franck, Henri Duparc, Théodore Dubois, Gabriel Fauré, Ernest Guiraud. La jeune société, se prend pour devise “Ars Gallica” et se donne pour but de travailler activement à la promotion et à la diffusion d’œuvres nouvelles qui ne pouvaient jusqu’alors trouver place ni au concert symphonique ni dans les sociétés de musique de chambre ni à l’Opéra.

18 mars. Proclamation de la Commune. L’abbé Gaspard Deguerry, curé de l’Église de La Madeleine vient d’être fusillé. Saint-Saëns, en tant qu’ancien garde national et organiste, est en danger. Il part pour Londres où il reste jusqu’à la fin du mois de mai. Il y est aidé par Félix Lévy, donne quelques concerts et compose des mélodies : A Voice by the ceddar tree, sur un poème de Tennyson, My Land, sur un poème de Davis, et Désir de l’Orient qu’il réutilisera dans La Princesse jaune.

Ars Gallica, devise de la Société nationale de musique [BnF-Mus]

Septembre. Saint-Saëns fait la connaissance du librettiste Louis Gallet. C’est le début d’une longue amitié, et d’une fructueuse collaboration. Gallet sera l’auteur de cinq livrets d’opéras pour Saint-Saëns : La Princesse jaune, Étienne Marcel, Ascanio, Déjanire, Proserpine, ainsi que de l’oratorio Le Déluge.

17 novembre. Premier concert de la Société nationale de musique, dans la salle Pleyel mise gracieusement à disposition.

7 décembre. Création par Saint-Saëns et Augusta Holmès du Rouet d’Omphale à deux pianos, version première de cette œuvre que Saint-Saëns orchestrera en poème symphonique.

10 décembre. Création de la Marche héroïque aux Concerts populaires de Jules Pasdeloup.

Louis Gallet (1835-1898), photographie de Mathieu Emery et cie, vers 1875. [BnF-BmO]

1872

28 janvier. Décès, à l’âge de 91 ans, de Charlotte Masson, grand-tante de Saint-Saëns qui la considérait comme « sa deuxième mère ».

10 mars. Saint-Saëns est au piano pour la création aux Concerts Pasdeloup du Concerto pour piano d’Alexis de Castillon.

14 avril. Création de la version orchestrale du Rouet d’Omphale aux Concerts populaires. Ce premier des quatre poèmes symphoniques est dédié à Augusta Holmès. À la suite de Liszt, Saint-Saëns s’engage dans la voie du poème symphonique, genre encore inconnu en France et dont la réception suscite la curiosité, l’étonnement, et la polémique.

Avril. Début des chroniques musicales dans la Renaissance littéraire et artistique où Saint-Saëns s’illustre par ses articles sur la jeune école française de musique et la défense de Berlioz, Liszt et Wagner. Il livrera plusieurs centaines d’articles dans la presse : critiques, chroniques, lettres ouvertes,… couvrant près de 50 ans de vie musicale.

12 juin. Création à l’Opéra-Comique de La Princesse Jaune, opéra-comique en un acte sur un livret de Louis Gallet, premier ouvrage lyrique inspiré du Japon, qui venait d’entrer dans l’ère Meiji et s’ouvrait à l’Occident.
C’est aussi le premier ouvrage de Saint-Saëns représenté à la scène (Le Timbre d’argent et Samson et Dalila déjà écrits, attendaient encore d’être montés). Présentée avec Djamileh de Bizet, les deux œuvres sont mal accueillies par la critique et ne dépassent pas les cinq représentations.
Composition de la Sonate pour violoncelle et piano n° 1, op. 32.


1873

19 janvier. Auguste Tolbecque crée le Concerto pour violoncelle et orchestre n° 1, qui lui est dédié, à la Société des concerts du Conservatoire.

10 avril. Audition du Psaume XVIII Cœli enarrant, au Concert National, société de concerts nouvellement créée par Edouard Colonne.

Octobre-novembre. Une très intense période d’activité dans les concerts et les conséquences de la fatigue accumulée lors des événements des années précédentes, mettent à mal la santé de Saint-Saëns. L’évolution de la phtisie, contractée dès sa naissance, montre des signes inquiétants. Il doit se retirer sous des climats plus chauds, ce qu’il prendra ensuite l’habitude de faire chaque année. Premier séjour en Algérie, il y travaille au 3e acte de Samson et Dalila.

7 et 12 décembre. Création de Phaéton, 2e poème symphonique au Concert National d’Édouard Colonne.


1874

28 mars. Création au Concert National des Variations à deux pianos sur un thème de Beethoven, op. 35, par Alfred et Marie Jaëll auxquels l’œuvre est dédiée. Saint-Saëns jouera lui-même très souvent cette œuvre au concert, notamment en compagnie de la pianiste Caroline de Serres ou de Louis Diémer.

20 août. Pauline Viardot organise à Croissy, une audition privée en décor et costumes du 2e acte de Samson et Dalila. Elle chantait le rôle de Dalila, que Saint-Saëns avait écrit pour elle, Nicot celui de Samson, Auguez celui du grand-prêtre. Cette audition ne suffit pas à convaincre Halanzier, directeur de l’Opéra présent dans l’assistance, de donner l’œuvre sur la grande scène parisienne (elle ne le sera qu’en 1892).