1882

De la mi-janvier à la fin-février. Grande tournée de concerts en Allemagne : Leipzig, Berlin, Saint-Saëns y donne le Septuor avec trompette, La Lyre et la harpe, la Suite algérienne.

Festival à Mulhouse en l’honneur de Saint-Saëns qui se produit en récital, à l’orgue et au piano. On donne La Lyre et la harpe.

5 mars. Saint-Saëns dirige l’oratorio Le Déluge, à Lille.

14 mars. Trois représentations de Samson et Dalila sont données à Hambourg, en version de concert, sous la direction de Saint-Saëns. Hans von Bülow fait son éloge dans la presse : « Samson et Dalila est le drame musical le plus important qui ait vu le jour dans ces vingt dernières années.

Les tournées de concerts se poursuivent à un rythme effréné, mais Saint-Saëns est aussi très pris par la composition et les répétitions d’Henry VIII qui doit subir de nombreux aménagements. La création qui devait avoir lieu en octobre, est repoussée à l’année suivante.

Saint-Saëns en tenue de voyage, dans les années 1880 [BnF-BmO]

1883

5 mars. Création très remarquée d’Henry VIII à l’Opéra de Paris. Rien n’a été négligé pour mettre en scène l’ouvrage et les meilleurs chanteurs ont été engagés. Les décors et les costumes sont réalisés avec grand soin ; le peintre Eugène Lacoste a accès aux bibliothèques privées et collections royales à Londres où il copie fidèlement les costumes d’après des tableaux de Holbein.

Très fatigué par les répétitions, Saint-Saëns est de nouveau victime d’une aggravation de sa tuberculose. Il quitte Paris immédiatement après la création d’Henry VIII, et part en convalescence en Algérie. Revenu trop tôt à Paris, il rechute et doit cette fois se soigner en cure, à Cauterets et à Salies-de-Béarn. Il rentre à Paris début octobre mais encore en bien mauvaise santé, repart rapidement passer l’hiver sous des climats plus chauds, en Italie, puis en Afrique.

Caricature de Saint-Saëns en Henry VIII, par H. Meyer, parue dans La Nouvelle lune [© Musée de Dieppe]

1884

Janvier. Après un bref retour en France, Saint-Saëns repart à Naples, puis à Rome et revient à Marseille au début du mois de février.

15 mars. Création de l’Hymne à Victor Hugo composé trois ans auparavant, donné avec un grand effectif dans l’immense salle du Trocadéro, sous la direction de Saint-Saëns et en présence de Victor Hugo et de sa famille.

Avril-mai. Saint-Saëns part pour Bordeaux, et Toulouse surveiller les répétitions d’Henry VIII qui doit y être donné. Il y compose la Rhapsodie d’Auvergne et des chœurs : Les Marins de Kermor, les Titans. Début mai, Saint-Saëns est à Barcelone où il achève la version piano et orchestre de l’Allegro Appassionato op. 70. Puis retour à Paris pour siéger au jury du concours du Prix de Rome. Il tient beaucoup à être présent à toutes les étapes qui entourent le concours et l’attribution du prix. Il va même jusqu’à organiser ses voyages et ses déplacements pour pouvoir y assister.

Fin mai. Saint-Saëns est invité par Liszt à Weimar au 25e festival de l’Assemblée générale des musiciens.

14 juillet. Saint-Saëns est élevé au grade d’Officier de la Légion d’honneur.

24 octobre. Reprise d’Étienne Marcel à l’Opéra-Populaire, Théâtre du Château-d’Eau. Mais une fois de plus Saint-Saëns joue de malchance avec ses ouvrages lyriques car le théâtre en grandes difficultés financières doit fermer ses portes au bout de la 5e représentation.

25 octobre. Lecture à la séance publique annuelle des Cinq Académies de la « Causerie sur le passé, le présent et l’avenir de la musique ».

4 novembre. Saint-Saëns inaugure la nouvelle salle Victoria à Genève en y dirigeant son oratorio Le Déluge. Dans le même temps, il effectue une tournée de concerts en Suisse avec le violoniste Martin-Pierre Marsick, auquel il dédie sa première Sonate pour piano et violon, op. 75.


1885

14 mars. Créée l’année précédente dans le salon de Jules Barbier, Gabriella di Vergy est redonnée Salle des Horticulteurs en audition semi-publique pour la mi-carême. Saint-Saëns sera contrarié du grand écho donné à cette « pochade carnavalesque qui n’avait d’autre but que d’être un amusement de carnaval, et pas d’autre prétention que de faire rire un jour et d’être oubliée le lendemain », et de la publication du livret, faite malgré son interdiction.

Mars. Étienne Marcel est donné au Théâtre des arts de Rouen pour 9 représentations.

Fin juillet. Saint-Saëns est à Anvers pour la préparation de l’Exposition universelle, et donne plusieurs concerts de ses œuvres.

Début août. Publication d’Harmonie et mélodie, recueil d’articles publiés antérieurement et augmenté d’une préface dans laquelle Saint-Saëns précise son opinion sur Wagner et ses œuvres.
« J’admire profondément les œuvres de Richard Wagner en dépit de leurs bizarreries. Elles sont supérieures et puissantes, cela me suffit. Mais je n’ai jamais été, je ne suis pas, je ne serai jamais de la religion wagnérienne. » Le livre est beaucoup critiqué et discuté dans la presse, suscitant controverses et polémiques.

Mi-novembre. Longue tournée dans le nord de la France avec le violoniste Raphaël Diaz-Albertini : Reims, Saint-Quentin, Valenciennes, Roubaix, Cambrai, Douai, Lille, Calais. Puis en Bretagne : Nantes, Brest, Rennes. Suivie d’une tournée de concerts en Angleterre.

Décembre. Composition de Wedding-Cake, op. 76, pour piano et orchestre à cordes, à l’occasion du mariage de la pianiste Caroline Montigny-Remaury avec Auguste Wieczffinski de Serres. Saint-Saëns le jouera souvent en concert dans la version à deux pianos qu’il arrangera l’année suivante.

Harmonie et mélodie, Paris, Calmann Lévy, 1885. Cet ouvrage sera réédité de nombreuses fois.

1886

1er janvier. Déjeuner à l’Élysée à l’invitation de Jules Grévy.

Mi-janvier. Début d’une tournée qui mène Saint-Saëns dans le nord de la France, en Belgique et en Allemagne : Arras, Bruxelles, Cologne, Breslau.

22 janvier. Le concert à la Philharmonie de Berlin est perturbé par des agitateurs. Une cabale est montée par la presse allemande à la suite à la parution d’Harmonie et Mélodie où les propos de Saint-Saëns contre le wagnérisme lui sont reprochés, ainsi que sa supposée haine de l’Allemagne et de l’art allemand. Saint-Saëns voit ses œuvres interdites dans la plupart des théâtres allemands, et doit alors écourter sa tournée.

Saint-Saëns se rend à Prague, où le directeur du Théâtre Allemand prend peur et annule les représentations d’Henry VIII qui devaient avoir lieu. Il va ensuite à Vienne et à Chrudim pour s’isoler quelques jours. C’est là qu’il compose le Carnaval des animaux destiné au concert de mardi-gras de son ami, le violoncelliste Charles Lebouc.

9 mars. Le Carnaval des animaux est créé par Saint-Saëns et ses amis aux Concerts Lebouc. Il est redonné quelques jours plus tard à la Société La Trompette, puis chez Pauline Viardot pour faire plaisir à Liszt, de passage à Paris. Saint-Saëns n’en autorisera que quelques représentations et en a toujours interdit la publication, à l’exception de la 13e pièce, “Le Cygne”. L’œuvre ne sera éditée qu’en 1922, après sa mort.

3 avril. Création de la Polonaise à deux pianos, par Saint-Saëns et Fauré, au concert de la Société nationale de musique, Salle Pleyel.

19 mai. Londres, à St James Hall, après avoir joué en soliste le concerto en sol majeur de Beethoven, Saint-Saëns dirige lui-même la création de la Troisième symphonie en ut mineur, commande de la Philharmonic Society de Londres. L’œuvre est dédiée à Franz Liszt, qui meurt le 31 mai, sans avoir pu l’entendre.

Du 18 mai au 1er juin. Séjour à Londres.

26 juin. Communication à l’Académie des Sciences sur un “métronome normal, vérifié et poinçonné par l’Etat”.

Début juillet. Saint-Saëns se rend à Florence en Italie pour s’inspirer du cadre où il va situer son nouvel opéra, Proserpine, écrit en collaboration avec Louis Gallet, d’après un poème d’Auguste Vacquerie. Il s’isole ensuite à Berne, puis à Saint-Germain-en-Laye et achèvera sa partition en septembre.

Juillet. Publication de la brochure Notes sur les décors de théâtre dans l’Antiquité romaine chez Baschet. Ce sujet passionnait Saint-Saëns depuis longtemps. Il l’avait documenté lors de ses séjours à Rome, Naples et Pompéi.

5 août. Aix-la-Chapelle, au Concert Wenigmann, Saint-Saëns joue et dirige ses œuvres : Rouet d’Omphale, Rhapsodie d’Auvergne, Troisième symphonie.

Novembre. Nouvelle tournée de concerts à Londres. Saint-Saëns joue sur le nouvel orgue du Royal Albert Hall et donne un récital de musique de chambre.

Scission au sein de la Société nationale de musique, fondée en 1871. Vincent d’Indy voulant introduire dans les programmes des compositeurs étrangers et des maîtres anciens, provoqua la démission des deux fondateurs, Romain Bussine et Saint-Saëns, et poussa César Franck à prendre la présidence.

Troisième symphonie en ut mineur, Durand & Schoenewerk, 1887. [BnF-Mus]

1887

9 janvier. La Troisième Symphonie est donnée à Paris, à la Société des Concerts du Conservatoire.

14 mars. Création de Proserpine à l’Opéra-Comique. L’ouvrage pourtant bien accueilli par le public, mais mal soutenu par la critique, ne reste à l’affiche que pour dix représentations.

De mi-avril à début mai. Tournée en Russie, en compagnie du flûtiste Paul Taffanel, du hautboïste Georges Gilet et du clarinettiste Charles Turban. Plusieurs concerts donnés à Moscou et à Saint-Pétersbourg, lors d’un festival organisé par la Croix-Rouge, en présence de la famille impériale. Saint-Saëns dirige et joue ses propres œuvres : Symphonie en ut mineur, Danse Macabre, Rhapsodie d’Auvergne, Marche du Synode d’Henry VIII, Romance pour flûte, Tarentelle pour flûte et clarinette, et le Caprice sur des airs danois et russe, dédié à l’Impératrice Maria Fedorovna, ainsi que l’Hymne national russe dans la version piano et orchestre arrangée par Gounod.

Maquette du costume de Proserpine, à l’Opéra-Comique, par Charles Bianchini. [BnF-BmO]

25 mai. Incendie de l’Opéra-Comique. La partition de Proserpine est sauvée, mais les décors et le matériel d’orchestre disparaissent dans les flammes. Saint-Saëns et Gallet remanient l’œuvre durant les premiers mois de 1891.

17 novembre. Saint-Saëns part s’établir en Algérie pour l’hiver et commence à composer un nouvel opéra : Benvenuto Cellini (qui deviendra Ascanio), sur un livret de Louis Gallet d’après la pièce de Paul Meurice.

Cette année voit aussi la composition de la Havanaise op. 83, dans la version piano-violon, de Souvenir d’Italie pour piano, op. 80 et du Morceau de concert pour cor, op. 94.


1888

Après un bref séjour en France, Saint-Saëns souffrant d’anémie repart en Algérie. Il travaille à la partition d’Ascanio dont les deux premiers actes sont terminés en février.

17 mai. Saint-Saëns quitte Alger et revient à Paris en juin.

22 septembre. La partition d’Ascanio est achevée, excepté le ballet. La création sera retardée par les caprices des artistes et les tergiversations des directeurs préoccupés de la préparation de la saison suivante, année d’Exposition universelle.

18 décembre. La mort de sa mère, Clémence, jette Saint-Saëns dans le désarroi. En mauvaise santé, sans attaches et désormais sans famille, il quitte Paris le 31 décembre.